Il est dans l'air du temps de badigeonner tout en vert pour se
donner un parfum de sainteté. Ceux qui le font avec le plus de
légitimité sont les militants directement impliqués dans la cause
écologique. Les autres le font par opportunisme médiatique et/ou
politique et n'intéressent personne.
Chacun y va donc de son conseil, qui sur la façon de ne pas abîmer la
couche d'ozone, qui sur l'économie de carburant ou sur les mérites de
la lessive de cendre
. Pour ce faire, Internet est de plus en plus utilisé est c'est donc
tout naturellement par mail que se propage la bonne parole et que les
discussions s'étalent. Or, comme n'importe quelle communauté, Internet a ses règles,
pourtant toutes inspirées du simple bon sens et qui, donc, devraient
être spontanément appliquées. Elles ont pourtant été particulièrement
violées depuis la rue internétienne des années 94-95. Celles-ci sont,
de manière condensée, explicitées dans « l'art de la citation »
C'est en effet sur le support « mail » que se relèvent les pires violation de Netiquette. Parmi celles-ci, le « top-post » reste sans conteste le cancer numéro 1. Le « top-post » consiste à répondre à un mail :
- en plaçant la réponse avant
- en recopiant ce dernier intégralement en dessous
La bêtise — je reste poli — est double. D'abord,
depuis quand les réponses précèdent-elles les questions ?
Ensuite,
Pourquoi recopier in extenso un mail auquel, bien souvent,
on ne fait que répondre de façon très globale ?
Pour le dire autrement, pourquoi ne pas se comporter par écrit comme
on se comporte oralement ? Que l'on agisse par mimétisme en voyant la
majorité des internautes d'opérette faire ainsi peut encore se
comprendre mais venant de personnes qui se disent pétries d'écologie
fait quelque peu foutage de gueule.
Partant du top-post, de nombreuses — et ravageuses — extrapolations se perpétuent quotidiennement comme on le voit. Ici, il y a top-post sur top-post. On pourrait penser que le summum est alors atteint. Non pas. Nombre de listes de diffusion sont utilisées par leurs abonnés pour envoyer... une réponse personnelle,
multipliant parfois par plusieurs centaines de fois la pollution
initiale. Là encore, le cumul des barbarismes s'effectue dans la plus
totale indifférence, à commencer par celle du modérateur de la liste.
« modérateur »
voilà encore un mot,
une fonction
devenue complètement vide de sens
Pourtant, l'époque n'est si loin où l'on avait de véritables
modérateurs, c'est-à-dire des personnes qui jouaient le censeur de bon
aloi, veillant rigoureusement à la fois sur le fond et sur la forme des
mails échangés par une collectivité. Qu'une incartade survienne et le
récalcitrant se voyait:
- au mieux, censuré
- au pire, désabonné d'office de la liste, voire de l'hébergeur de liste.
Il n'avait alors plus aucun moyen de se réabonner.
Une rapide calcul permet de voir qu'un top-post comme celui-là représente 2 lignes utiles pour un « poids » total de 57 lignes.
Ce qui fait donc 96,5% de pollution
Ceci multiplié par le nombre de destinataires indûment contaminés...
Et le tout multiplié par le nombre de pollueurs qui vont agir à
l'identique(*)...
Car tout le monde ne possède pas de liaison rapide. Il faut donc,
quand c'est le cas, se « payer » une liaison modem en espérant qu'il
n'y ait pas de coupure car c'est alors tout le processus qu'il faut
recommencer. Même chose pour les pays où non seulement les liaisons de
type ADSL n'existent pas mais où celles-ci sont de très moyenne
qualité, ce qui oblige, là encore, à d'incessantes reconnexions.
De quel droit certains condamnent-ils d'autres à un surcoût téléphonique ?
Et je ne parle pas d'autres inconvénients, excessivement pénibles sur le terme. Ainsi, notre top-post-type reprend-il intégralement un mail déjà
reçu par toute une communauté — ici, une liste de diffusion. Celui-ci
pouvait être aisément retrouvé autrement, en cas de besoin, grâce à une
recherche de mots-clés (chercheur, laboratoire, Azu, etc). Si tous les abonnés(*)
— soit 133 personnes à ce jour (juillet 2009) — se comportaient comme
notre pollueur, le mail en question risque de retrouver recopié in extenso
en autant d'exemplaires. Cela revient à dire que, dans ce contexte,
toute recherche de mots-clés fera réagir votre logiciel de messagerie,
soit environ 130 fois. Quelle perte de temps et de mobilisation d'engerie en pure perte !
Sans parler encore de l'espace-disque nécessaire
pour stocker
130 fois le même message...
Le top-post serait le fait de quelques isolés ? NON. Il est le fait que plus de 95% des internautes. Ce cancer est trans-culturel , trans-linguistique et les populations au QI élevé ne sont pas davantage épargnées — ce qui est inacceptable — , à en juger par ce que l'on voit ici ou là. Outre-Manche, c'est pareil et chez les Ibères idem. Rien à attendre, donc, de nos « têtes pensantes ».
Autre marotte extrêmement polluante est celle, d'apparition récente, qui consiste à utiliser une couleur d'encre différente de celle du mail auquel on répond. Là encore, nos QI élevés ne montrent pas davantage l'exemple : ni là, ni là encore. Dans ce dernier exemple, le pollueur nous apprend que tout s'arrange (sic) en « balançant » 124 lignes !
Une liberté en valant une autre et chacun cherchant à se distinguer
des autres, on assiste parfois à des échanges de mail qui ont tout du
catalogue de chez Ripolin. Que dire de l'aveuglement (tant au sens physique qu'au sens intellectuel) que cela constitue ?
Faut-il un Bac+15 pour comprendre que c'est une connerie hérésie ?
Si vous signifiez aux pollueurs leurs agissements, ceux-ci ont le choix entre quatre comportements :
- reconnaître et changer ce qui doit l'être
- reconnaître mais différer le changement de cap
- nier le désordre
- nier le désordre et tirer sur celui qui annonce les mauvais nouvelles
Dans l'écrasante majorité des cas, c'est cette dernière réaction qui l'emportera.
Cette même Netiquette, toujours, enjoint l'utilisateur de NE PAS
utiliser des fichiers au format dit « propriétaire », c'est-à-dire
forçant celui qui le reçoit à changer au besoin son équipement logiciel
pour pouvoir l'exploiter... si ce n'est pas carrément passer à un achat
en espèces sonnantes et trébuchantes. Démocratisation de l'informatique
obligeant, l'utilisateur n'est pas passé par la case Apprentissage et
fonce sur la souris après deux ou trois heures de galop d'essai ! Sans
aucune connaissance technique, il en est donc réduit à utiliser
l'équipement installé sur sa machine signé par la firme au papillon jaune dans au moins 90% des cas.
En guise de conclusion (temporaire?), à propos de ces écotartufes,
tout ceci m'évoque la parabole de la paille et de la poutre que tout le
monde connaît et sur laquelle je pense inutile de disserter plus avant.
Vous avez dit » écologie » ?
(*) ce qui est malheureusement le cas de 98% des internautes d'aujourd'hui.